Scénario et dialogues : Alexandra Echkenazi et Thomas Perrier
Photographe : Philippe Warrin
Mimie Mathy (Joséphine Delamarre), Michèle Bernier (Sophie), Isabelle de Botton (Christine), Maïté Bufala (Emma), Maxime Lélue (Quentin), Pierre Deny (Etienne), Aurélien Chaussade (Julien), Mohamed Brikat (Driss), Lionel Cecilio (Arthur (ASE)), Estelle Piget (Manon), Sylvain Saint-Jalmes (L'agent immobilier)
Télé Star : La rencontre :
Mimie Mathy : Quand je suis arrivée au Théâtre de Bouvard début 1980, Michèle Bernier s'est dit, soit elle joue sur sa taille et ça va être la cata, soit elle passe le cap et ça va être super, ce qui s'est passé. Ce n'est qu'après qu'on a exploité nos différents gabarits. Au début, on était juste trois filles au milieu de plein de mecs, qui riaient d'elles-mêmes et bossaient super bien ensemble. Bouvard était un bourreau de travail, mais il nous a ouvert grand les portes de ce métier !
Télé Star : Premiers gros succès sur scène :
Mimie Mathy : Après avoir joué une compil de nos sketchs mise en scène par Patrick Timist, en 1991, on a eu envie d'une vraie pièce qui est devenue "Le gros n'avion".
Télé Star : Les retrouvailles :
Mimie Mathy : Dans les années 90, c'est moi qui ai lâché le trio car j'avais très envie d'écrire un seule-en-scène et que Pierre Palmade me proposait son aide. Il y a eu une petite baisse de régime passagère, puis nous nous sommes retrouvées en 2004 dans "À trois c'est mieux !", un téléfilm pour TF1, et en 2010 dans "Trois filles en cavale".
Télé Star : Toujours là dans les grands moments :
Mimie Mathy : Le jour de mon mariage avec Benoist en 2005. Impossible de ne pas avoir mes "frangines" à mes côtés ! On a vécu tellement de choses ensemble. Avec elles, c'est à la vie à la mort !
Télé Star : Qui de mieux pour fêter la centième de Joséphine !
Mimie Mathy : On a beaucoup travaillé pour cette centième car il fallait être fidèle à l'esprit des "Filles", tout en respectant celui de la série. On a eu des fous rires en pagaille, surtout entre Michèle et moi. En un clin d'½il, si l'une des deux rigole, c'est foutu !

Ciné Télé Revue : Lors du tout premier épisode, en 1997, vous pensiez un jour fêter la centième mission de Joséphine ?
Mimie Mathy : Non, jamais. Après, c'est le public qui décide. C'est une aventure incroyable, surtout à notre époque où c'est un peu le règne de la télé kleenex. Une telle longévité, c'était inespéré.
Ciné Télé Revue : Dans ce nouvel épisode, vous devez aider une ado à faire le deuil de sa maman. Mais pour y arriver, vous devez d'abord réconcilier ses deux grands-mères, campées par Michèle Bernier et Isabelle de Botton, avec qui vous formiez dans les années 80 le trio Les filles. C'est vous qui avez eu l'idée de ces retrouvailles ?
Mimie Mathy : Pas du tout. Ce sont les producteurs qui m'en ont fait la surprise. Dans un premier temps, je me suis dit qu'on n'arriverait jamais à concilier nos agendas. Mais on y est arrivées. C'est fabuleux.
Ciné Télé Revue : Vous avez retrouvé votre complicité comme si vous ne vous étiez jamais quittées ?
Mimie Mathy : Au moindre regard, on sait ce que pense l'autre. Mais en réalité, on ne s'est jamais quittées. On a toujours continué à se voir et à se parler en dehors du boulot.
Ciné Télé Revue : Comment expliquez-vous les liens qui vous unissent ?
Mimie Mathy : Ça a directement été un coup de foudre amical quand on s'est rencontrées au Petit Théâtre de Bouvard. On s'est tout de suite complétées au niveau du travail, de l'écriture. On a fait deux spectacles ensemble, deux téléfilms. C'est une belle preuve d'amitié qu'elles m'ont donnée en participant à ce centième épisode.
Ciné Télé Revue : Quand, dans un ex-trio, un des membres connaît plus de succès, ça crée des tensions ?
Mimie Mathy : Non, car on a chacune réussi à notre façon notre carrière. Michèle a sa série, « La stagiaire », qui cartonne. Isabelle a été plus discrète car ça s'est fait davantage sur le plan de l'écriture, mais elle est sans arrêt sur scène. Il n'y a jamais eu de jalousie entre nous. On se respecte, on s'apprécie. Je suis admirative d'elles. Ce sont mes deux grandes s½urs de métier.
Ciné Télé Revue : « Joséphine, ange gardien » a traversé les décennies, alors que la télé a changé et les goûts du public aussi. Qu'est-ce qui explique cette longévité ?
Mimie Mathy : La série est ancrée dans son époque et aborde des sujets de société. Et ce, depuis le début. Durant les premières années, on a par exemple parlé de l'homosexualité. C'était révolutionnaire d'aborder ça dans une série il y a 23 ans. On a évoqué le chômage, l'échec scolaire, le handicap, la prostitution, l'adoption... La différence avec la vraie vie, c'est que ça se termine toujours bien.
Ciné Télé Revue : Il y a des thèmes que vous n'avez pas encore évoqués et qui vous tiennent à c½ur ?
Mimie Mathy : Oui, l'inceste et la pédophilie. Mais le problème, c'est qu'on ne peut pas traiter des affaires comme celles-là et dire que ça se termine bien à la fin. Car ça ne se termine jamais bien pour les mômes. Mais je garde cette idée dans un coin de ma tête. Et on essaye en attendant de mettre au moins en garde les enfants contre certains dangers, comme Internet. On a traité aussi du harcèlement scolaire. Après la diffusion de cet épisode, une maman nous a écrit une lettre expliquant que sa fille avait vécu le harcèlement et s'était suicidée. Elle nous disait que si sa fille avait pu voir cet épisode avant, elle serait sans doute toujours là. Si on peut faire passer quelques messages, c'est important.
Ciné Télé Revue : Une des clés du succès, c'est que la série touche toutes les générations...
Mimie Mathy : C'est vrai. Plein de gens me disent qu'ils me regardaient quand ils étaient petits et que c'est désormais leurs enfants qui me suivent.
Ciné Télé Revue : Quand on voit le nombre de séries qui ont disparu ces dernières années, vous n'avez pas peur que ça arrive à « Joséphine » ?
Mimie Mathy : Il y a toujours une fin à tout. Pour l'instant, on continue. On en tourne encore deux l'année prochaine. Même si on ne fait plus les scores d'il y a dix ans, c'est une série qui a encore sa place et je pense que TF 1 y trouve son compte. Tant que le public sera au rendez-vous et qu'on s'amusera à tourner, je suis partante !
Ciné Télé Revue : Il y a quelques années, vous aviez néanmoins dû réduire votre salaire de moitié pour sauver la série...
Mimie Mathy : On vit une autre époque avec les plateformes de streaming. Les cachets que touchaient les acteurs de « Navarro » ou « Julie Lescaut », ça n'existe plus. Donc, il est normal de réduire son salaire. J'ai accepté ça sans problème, ça permet de continuer à faire travailler plein de gens, des techniciens, des comédiens.
Ciné Télé Revue : Vous-même, à côté de « Joséphine », vous avez une autre série, policière cette fois, « Le prix de la vérité », où vous incarnez la capitaine Marie Jourdan...
Mimie Mathy : Oui, le troisième téléfilm est tourné. Je suis à la fois flic et mère de famille dans la série, ce qui me change de « Joséphine ». Ce sont deux rôles différents qui m'apportent beaucoup.
Ciné Télé Revue : En parlant de mère de famille, vous l'êtes finalement devenue par le biais des enfants de votre mari, Benoist Gérard...
Mimie Mathy : C'est génial. C'est arrivé à un moment où je me disais que je ne vivrais jamais ça. Quand j'ai rencontré mon mari au début des années 2000, il se trouve qu'il était divorcé et qu'il avait déjà quatre enfants. Ils avaient entre 7 et 17 ans. Maintenant, ils ont près de 20 ans de plus. Et je suis désormais grand-mère six fois. Je m'entends super-bien avec mes petits-enfants. Quand ils me demandent pourquoi je suis petite, je leur réponds que ce ne serait pas drôle si on se ressemblait tous.
Ciné Télé Revue : On a du mal à croire que vous aurez 65 ans en 2022...
Mimie Mathy : Moi aussi. (Rires.) J'ai encore tellement d'envies et de choses à faire. J'espère avoir la longévité de mon amie Line Renaud, qui a 93 ans et qui continue de tourner. Elle est un modèle.
Ciné Télé Revue : Si, en un claquement de doigts, vous pouviez changer quelque chose dans le monde, ce serait quoi ?
Mimie Mathy : En premier, qu'il n'y ait plus d'enfants malades. Et, à titre plus personnel, encore avoir mes parents, qui sont partis tous les deux cette année.

Rédaction par Sophie Roussel