
Mimie Mathy : Ayant vu auparavant le spectacle de Pierre Palmade à la Cigale, je me suis dit que c'était avec lui que j'avais envie de travailler. On s'est donc mis tout doucement à concevoir ensemble ce bébé, car chacun d'entre nous avait plein de choses en cours au même moment.
Bonne soirée : Vous interprétez un sketch sur le prénom de l'enfant.
Mimie Mathy : Il s'intitule « C'est une fille » et je cherche un prénom pour celle que j'attends dans le spectacle !
Bonne soirée : La maternité est un de vos désirs les plus chers.
Mimie Mathy : Comme la plupart des femmes. Mais contrairement aux hommes qui font le même métier, nous avons du mal. Car être sur scène avec un gros bidon n'est pas évident.
Bonne soirée : Un enfant, deux...
Mimie Mathy : Je n'aurai pas le temps d'en faire plus d'un, j'aimerais bien en adopter et en rendre heureux un ou deux autres.
Bonne soirée : Le père idéal ?
Mimie Mathy : Je suis assez portée sur les grands blonds aux yeux bleus, mais je ne suis pas raciste !
Bonne soirée : Le spectacle du Splendid raconte-t-il votre vie ?
Mimie Mathy : Non, l'histoire est celle d'une femme de 35 ans qui dévoile un peu ses problèmes, ses bonheurs avec les hommes et ses angoisses. Chacun peut se reconnaitre dans ses attitudes.
Bonne soirée : Même lorsque vous témoignez d'envies de meurtre ?
Mimie Mathy : Seulement envers les contractuelles, mais je pense que c'est le cas d'une majorité de Français...
Bonne soirée : Vous auriez une méthode préférée ?
Mimie Mathy : Rouler desssus, peut-être, c'est ce qui reste le plus propre. Mais j'aime bien aussi tirer au pistolet.
Bonne soirée : Dans votre show, vous tirez surtout les lignes de téléphone.
Mimie Mathy : C'est le problème de toutes les femmes amoureuses. Une fille trouvera toujours un téléphone, même en plein désert. Alors qu'un garçon, même avec l'engin à portée de main, trouve toujours quelque chose à faire avant.
Bonne soirée : Le montant de votre note ?
Mimie Mathy : Très élevé. D'autant plus que j'ai trois téléphones, un portable, un dans la voiture et un à la maison. Même quand j'étais fochée, j'avais des grosses notes. J'ai la téléphonite aiguë.
Bonne soirée : Depardieu aussi !
Mimie Mathy : Ça rassure, il fait une belle carrière. 1.80m, les yeux clairs... Le genre gros nounours, j'adore.
Bonne soirée : Et les tests psy ?
Mimie Mathy : Aussi. Je joue une nana qui remplit un questionnaire comme il y en a dans tous les journaux féminins. L'ennui, c'est que l'on n'entre pas toujours dans la catégorie où l'on aimerait se trouver.
Bonne soirée : Quelle est la vôtre ?
Mimie Mathy : Le genre madame est bien dans sa peau. Je ne pourrais pas agir et parler comme je le fais si je n'étais pas bien dans mes baskets. J'ai appris à m'aimer.
Bonne soirée : Vous n'êtes pas chaussures fines.
Si, mais je suis plus baskets que chaussures étriqués à semelle compensées et bouts pointus.
Bonne soirée : Philippe Noiret est très souliers de classe !
Mimie Mathy : Oui, mais il est plus barbu que moi. J'aime me sentir bien là ou sont mes pieds. Les pieds au chaud. J'adore les ambiances cheminées.
Bonne soirée : Et les poissons rouges ?
Mimie Mathy : J'en ai un sur scène. Celui d'une copine, il s'appelle Ernest et me donne beaucoup de soucis pour le caser.
Bonne soirée : On a l'habitude de vous confier beaucoup de choses à garder ?
Mimie Mathy : Non, chacun sait que je fais crever toutes les plantes. Quand aux animaux, je les aime bien... en photo.
Bonne soirée : Les gamins ?
Mimie Mathy : Sans problème.
Bonne soirée : Vous leur racontez des histoires ?
Mimie Mathy : Dans le spectacle, il y a celle d'un môme que je dois aider à s'endormir. Mon neveu Sébastien, qu'a 10 ans, se rappelle encore des histoires que j'avais inventées pour lui. Je lui demandais ce qu'il voudrait entendre.
Bonne soirée : La nounou gardait un Sébastien...
Mimie Mathy : Comme j'ai créé les personnages, je me suis inspirée de ceux qui traversaient ma vie.
Bonne soirée : Il s'agit d'une existence que vous menez tambour battant.
Mimie Mathy : Mon optimisme me vient surtout de ma famille. Elle m'a donné un équilibre primordial par rapport à ce que j'étais. Mes parents ne m'ont pas élevée en me mettant sous une cloche, mais en me donnant deux frangines complément normales. Ils me disaient : « Si la confiture est trop haut perchée pour que tu l'attrapes, t'as qu'à te bouger, prendre une chaise ! » Ils m'ont appris à aimer la vie. Avoir des parents sympas et intelligents m'a sans doute aidée à surmonter ce qui aurait pu être un handicap et à le transformer en atout.
Bonne soirée : La nounou a fait de vous une star ou presque autant de spectateurs que « Les visiteurs ».
Mimie Mathy : Soyons modeste. La nounou en a eu 12.7 millions, « Les visiteurs » 14 millions. Mais moi en une seule soirée, eux en un an !
Bonne soirée : Cela a-t-il changé votre vie ?
Mimie Mathy : La télé a aidé beaucoup de gens à me situer. Certains sont venus me voir après en me disant : « On ne savait pas que vous étiez comédienne ! » Ils devaient penser que j'étais plombier-zingueur-comique.
Bonne soirée : Maintenant, vous ambitionnez l'Oscar de la meilleure comédienne.
Mimie Mathy : Oui, Simone Signoret l'a bien eu. Je rigole, mais j'aime mieux l'Oscar que le César. Là-bas, ça a de la valeur. Ici, tout le monde s'en fout.
Bonne soirée : Vous aimez les Etats-Unis ?
Mimie Mathy : J'adore New-York. Peut-être parce que je m'y sens grande. On a parfois des coups de foudre pour des villes. New-York est une cité formidable qui bouge 24 heures sur 24. J'y trouve tout ce que j'aime parce que je suis une fan de comédie musicale. En plus, j'y suis beaucoup plus libre qu'à Paris. Comme personne ne me connait, je peux y prendre tranquillement le métro !
Bonne soirée : Vous aimeriez y travailler ?
Mimie Mathy : L'année prochaine, je vais tourner un policier sous la direction de Jerry Schatzberg qui a eu la Palme d'or à Cannes en 1973 pour « l'épouvantail ». L'histoire est celle d'un tueur new-yorkais interprété par Andy Garcia, d'après un roman de Jérôme Charyn. Le tueur est d'origine française et on l'a surnomé « The frog ». Je suis sa meilleure amie, une Française aussi.
Bonne soirée : Pas une tueuse ?
Mimie Mathy : Non, mais j'aimerais bien assassiner deux ou trois personnes dans le film. Ça enrichirait mon expérience !
Bonne soirée : Ça vous défoulerait ?
Mimie Mathy : Je n'ai pas de signe extérieur de défoulement. Quand je craque, je pleure un bon coup ensuite cela va bien mieux.
Bonne soirée : C'est votre pile de courrier quotidien qui vous déprime ?
Mimie Mathy : La nounou a déclenché un courrier monstrueux. Plus de 2 000 lettres.
Bonne soirée : Vous répondez à chacun.
Mimie Mathy : Jusqu'à présent. Même aux demandes d'argent, aux offres de rencontres. Car les gens qui accomplissent la démarche de m'écrire ont besoin de quelque chose, que ce soit une photo ou un réconfort. Quelquefois, je reçois du courrier du genre, Ménie Grégoire. Tant que je peux, j'écris. Mais depuis quelques mois, mon emploi du temps est un peu bousculé.
Bonne soirée : Vous publiez même un livre.
Mimie Mathy : J'en avais écrit un avec les filles, très café-théâtre. Cette fois, je me suis fait aider pour voir clair en moi et accoucher de mon histoire. Mimie Mathy par Mimie Mathy est à la fois un bilan de 37 années d'existence et un regard sur ce qui se passe. J'ai mis dix ans pour grimper la pente et il me reste plein de choses à faire, de projets et d'envies. Je n'ai pas encore rencontré l'homme de ma vie. Si dans dix ans j'en suis encore au même point, je m'inquiéterai.
Propos recueillis par Jean-Yves Ruaux
Droit d'auteur de cette interview
∞-∞ © Sophie Roussel ∞-∞